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Après les États généraux du livre (1/3)

 

« 2019, année de tous les dangers » : c’était l’intitulé d’une des tables rondes de la première session des États généraux du livre. C’est une véritable mise à bas de notre actuel régime social que l’on nous promet, à tous les niveaux. Celui de la retraite tout d’abord, que nous abordons aujourd’hui, avec l’intégration de la retraite de base dans le précompte et la disparition de la distinction assujetti/affilié. Celui de la Sécurité sociale ensuite, avec la disparition programmée de l’AGESSA et de la MDA et l’absorption par le régime général. Celui de la fiscalité enfin, avec le prélèvement à la source et la compensation ‒ ou non ‒ de la hausse de la CSG.

À sept mois de l’échéance, cette perspective peut d’autant plus inquiéter tous les artistes-auteurs qu’aucune concertation n’a été engagée et que les réponses officielles apportées à nos multiples interrogations sont des plus floues, comme cela s’est amplement vérifié lors de ces États généraux. Quoi qu’il en soit, voici ce qu’il adviendra de manière certaine (texte de loi déjà voté à l’appui), à compter du 1er janvier prochain, pour ce qui concerne les cotisations retraite « de base » (CNAV) :

‒ Ajout au précompte éditeur, et dès le premier euro de droits perçus, de la cotisation retraite de base. Pour les actuels auteurs assujettis, cela entraînera une baisse de 6,90 % des droits effectivement perçus (sachant qu’en l’état, rien ne permet d’affirmer que ces cotisations supplémentaires ouvriront des droits correspondants aux intéressés).

‒ Disparition de la distinction entre auteurs assujettis et affiliés, mais rien officiellement ne nous oblige à croire à cette « promesse ». Il en résultera, comme dans le régime général, que les auteurs ne touchant pas suffisamment de droits pour valider un trimestre cotiseront en pure perte.

‒ Chevauchement en 2019 des deux systèmes : les auteurs jusqu’à présent affiliés devront-ils s’acquitter des cotisations retenues à la source en plus de celles qu’ils doivent au titre des années antérieures (cotisations dont le paiement était jusqu’alors différé en n+1 et n+1 1/2) ? Sachant que s’ils en sont purement et simplement exonérés pour 2019, ils risquent fort d’y perdre de 4 à 6 trimestres de cotisations (ce qui peut influer sur l’âge de départ comme sur le montant des pensions, en général déjà bien maigres, des artistes-auteurs).

Face à cette débâcle annoncée, ni fatalisme ni résignation : l’unité et l’engagement des artistes-auteurs doit amener les pouvoirs publics à mettre en place rapidement et en concertation avec eux un véritable statut protecteur pour nos professions. La force des auteurs, c’est leur union.

États généraux du livre [1]

Communiqué du CPE suite au décret du 15 mai 2018

Auteurs, l’État dans sa grande générosité, nous accorde une « aide » pour compensation partielle de la hausse de la CSG intervenue le 1er janvier dernier.
Cette « manne », plafonnée à 200 000 €, devrait, pour ce qui concerne l’Agessa qui sera chargée de la faire parvenir à ses ayants-droit, être répartie entre les affiliés (surtout) ou les assujettis s’étant fait identifier avant le 31 décembre prochain.
Nous vous laissons calculer les clopinettes que cette aide va nous rapporter, en vous laissant aussi mesurer quelle difficulté notre très chère Agessa va avoir pour calculer quelle part revient à chacun·e d’entre nous.
Agessa qui devrait par ailleurs disparaître le 1er janvier 2019 mais, comme ne dirait pas Mr Pickwick : En l’occurrence, ceci n’est pas tout à fait une autre histoire.

À lire ici :

Communiqué_CPE_17MAI_2018_DEF

PAS D’AUTEURS, PAS DE LIVRES *** SIGNEZ LA PÉTITION

Les réformes sociales et fiscales envisagées par le gouvernement vont placer les auteurs du livre dans une situation d’extrême fragilité.

Nous, les auteurs de textes et d’images, sommes à l’origine de la vitalité et de la réussite de l’une des premières industries culturelles en France. Nous sommes encensés quand il s’agit de se féliciter, ici ou ailleurs, de la richesse et de la diversité de la création éditoriale française, mais nous redevenons quantité négligeable dès lors qu’il s’agit de questions économiques ou sociales. Trop peu nombreux, trop singuliers, pas assez bruyants peut-être pour que le gouvernement entende nos doléances et daigne enfin s’occuper de nous.

Contrairement à l’engagement pris, et dans un contexte devenu particulièrement difficile pour les auteurs ces dernières années (41 % des auteurs considérés comme professionnels gagnent aujourd’hui moins que le SMIC), un bouleversement complet de notre régime social et fiscal se prépare sans que les auteurs et leurs représentants soient consultés. Le sentiment qui prévaut est que le gouvernement ne sait pas comment appréhender le cas spécifique des auteurs du livre. S’agissant du ministère des Affaires sociales et de celui des comptes publics, qui ignorent totalement nos réalités et nos spécificités, on peut même affirmer qu’ils s’y refusent.

Lors de la hausse de la CSG au 1er janvier 2018, le gouvernement avait en effet simplement oublié les créateurs dans la réflexion sur le dispositif de compensation envisagé, sans même imaginer qu’ils devaient pouvoir bénéficier, comme les salariés, d’un gain de pouvoir d’achat.

Les auteurs n’acceptent pas d’être laissés pour compte au moment où le gouvernement confirme la mise en œuvre de nouvelles réformes importantes au 1er janvier 2019 : compensation de la CSG, réforme du régime social des auteurs, réformes des régimes de retraite, circulaire sur les revenus artistiques, retenue à la source de l’impôt sur le revenu, réforme de la formation professionnelle… En dépit d’une réelle prise de conscience du ministère de la Culture, personne au gouvernement n’est en charge d’anticiper et donc d’adapter les effets de ces réformes pour les auteurs.

Les auteurs du livre ne sont pas des actifs comme les autres, notamment en raison de la périodicité de leur rémunération : une seule fois par an en moyenne, trois à six mois après l’arrêté des comptes des éditeurs. De cette situation imposée découlent de nombreuses contraintes qui doivent être prises en compte par les pouvoirs publics.

Nous, auteurs, avons, il est vrai, choisi un métier marqué du principe d’incertitude. Incertitude de la prochaine idée, incertitude de ce que sera demain, incertitude de l’échec ou du succès d’un livre. C’est un choix que nous assumons pleinement. Mais aujourd’hui, l’incertitude pour les auteurs devient la certitude du pire.

À l’heure où la création est portée en étendard national, où la lecture et l’éducation artistique et culturelle sont des priorités politiques, comment le gouvernement peut-il laisser les auteurs du livre dans une situation d’extrême gravité, sans que nos spécificités et celles du monde du livre soient prises en considération ?

Nous demandons une concertation et une réflexion profonde et commune autour de notre régime social, qu’il est vital d’enfin renforcer et non de détruire réforme après réforme.

Nous demandons au gouvernement d’agir avec justice, dans le respect des auteurs. La situation est d’une urgence absolue.

Rendez-vous le 22 mai 2018 pour les « États généraux du livre » à la Maison de la poésie à Paris.

En attendant, vous pouvez signer la pétition

Pierre-André Athané (Président du SNAC); Samantha Bailly (présidente de La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse); Paul de Brancion (Président de l’Union des poètes & Cie); Pierre Ciot (Président de la SAIF); Pierre Denieuil (Président de l’UNPI); Pierre Douillard (Président de Cose-Calcre); Corinna Gepner (Présidente de l’ATLF); Pascal Ory (Président du CPE); Hervé Rony (Directeur général de la SCAM); Philippe Samier, Christian Vilà et Joëlle Wintrebert (Coprésidents du SELF); Marie Sellier (Présidente de la SGDL); Philippe Touzet, (Président des Écrivains associés du Théâtre).

PREMIERS SIGNATAIRES :

Laura Alcoba, Nathacha Appanah, Nathalie Azoulai, Wally Badarou, Muriel Barbery, Pénélope Bagieu, Clémentine Beauvais, Arno Bertina, Marc-Antoine Boidin, Pascal Boille, Élisabeth Brami, Noëlle Chatelet, Jean Claverie, Catherine Clément, Antoine Compagnon, Alain Damasio, Florence Delay (de l’Académie française), Catherine Dufour, Annie Ernaux, Jeanne Faivre d’Arcier, Colette Fellous, Yves Frémion, Sylvie Germain, Jean-Claude Guillebaud, Patrick Grainville (de l’Académie française), Nedim Gürsel, Martin Jarrie, Isabelle Jarry, Alexis Jenni, Michèle Kahn, Leslie Kaplan, Lionel Koechlin, Jean-Marie Laclavetine, Camille Laurens, Bertrand Leclerc, Pierre Lemaitre, Erik L’Homme, Olivier Mannoni, Carole Martinez, Brice Matthieussent, Diane Meur, Fabrice Midal, Gerda Muller, Marie-Aude Murail, Véronique Ovaldé, Christelle Pécout, Benoit Peeters, Pierre Pelot, François Place, Jean-Claude Petit, Serge Quadruppani, Leonor de Recondo, Jean Rouaud, Lydie Salvayre, Boualem Sansal, René Solis, Chantal Thomas, Françoise Valéry, Fabien Vehlmann.

Compensation CSG : une solution pérenne doit être trouvée pour tous les auteurs

Par un communiqué de presse en date du 29 novembre 2107, Mme Françoise Nyssen, ministre de la Culture, a annoncé avoir trouvé « une solution permettant de garantir aux artistes-auteurs un maintien de leur pouvoir d’achat dans le contexte de hausse de la CSG ». La ministre se félicite en outre « de cette solution et remercie chaleureusement tous les parlementaires qui se sont fortement mobilisés aux côtés du ministère et des auteurs sur ce sujet ». S’il est vrai que la mobilisation des artistes-auteurs, légitimement révoltés par cette injustice qui leur était faite, fut rapide et massive, il est un peu abusif d’affirmer qu’il en fut spontanément de même dans les cercles du pouvoir tant le flou, l’inertie et le silence qui prévalaient sur ce dossier à l’ouverture des discussions à l’Assemblée laissaient craindre le pire. Si « solution » il y a aujourd’hui, c’est avant tout parce que les artistes-auteurs et leurs organisations professionnelles ont su faire entendre leurs voix et leurs revendications, et rien n’indique que ce résultat aurait été obtenu s’ils ne l’avaient pas fait. Pour autant, peut-on s’en satisfaire ? À y regarder de plus près, rien n’est moins sûr.

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