Polynésie française : suite et pas fin d’une ténébreuse affaire de spoliation

Le 28 décembre dernier, le SELF relayait sur sa page Facebook le témoignage de Julien Gué, qui relatait d’étranges événements ayant eu lieu quelques semaines plus tôt à Tahiti. Ce témoignage faisait état d’une probable spoliation de leurs droits d’auteur dont avaient été victimes deux artistes auteurs bien connus en Polynésie : Lydia Ghibaudo della Rocca, alias Lili Oop, et Paskua, son compagnon photographe.
Ce témoignage de Julien Gué, le voici.

 

Il semble donc que dans ce coin de France situé aux antipodes de la métropole, un traitement assez particulier soit réservé aux auteurs et à leurs droits par des autorités administratives rongées par une corruption apparemment élevée au rang d’institution.

À l’origine de l’affaire évoquée ici, le Vice-Rectorat de la Polynésie française établissait un contrat avec la société de production Coopmédia Thelem et les deux auteurs déjà nommés. Objet de la commande : un webdocumentaire intitulé La Zélée 1914 – Tahiti sous les bombes. Mais, quelques mois plus tard, juste après livraison du scénario finalisé, la même instance de l’Éducation nationale dénonçait les contrats des deux artistes pour « insubordination ».

Alors certes, un commanditaire institutionnel est toujours en droit de refuser un travail artistique qui ne lui conviendrait pas, mais un tel cas de figure ne s’applique pas à cette affaire. Apparemment, les responsables locaux de l’Éducation nationale se sont ici permis de dénoncer les contrats des producteurs et auteurs pour ensuite s’arroger toute la paternité de l’œuvre en cours de développement. À peine un mois après l’éjection des auteurs originaux, le premier épisode d’une série correspondant au scénario était diffusé sous copyright du Vice-Rectorat sans que les noms des auteurs et de la coopérative de production ayant initié le projet d’origine figurent au générique… Sans même qu’apparaissent les noms du réalisateur ou du dessinateur des personnages du film !

Il faudra ensuite que Lili Oop menace de s’immoler par le feu pour que, le 30 décembre dernier, le Haut-Commissaire de la République consente à recevoir les artistes à l’origine du projet. Se disant très étonné par de telles pratiques, il décidera de porter cette affaire à la connaissance de l’institution judiciaire.

L’affaire sera jugée par le tribunal des référés de Papeete ce lundi 30 mars 2015. S’étant déjà déclaré solidaire des créateurs, le SELF ne pouvait manquer de l’évoquer.
Suite et, on l’espère, fin heureuse, sitôt que nous aurons connaissance du jugement.