À : Monsieur Patrick Le Hyaric,
Monsieur le Directeur de L’Humanité,
Le Syndicat des Écrivains de Langue Française s’étonne qu’un quotidien comme le vôtre, qui s’est donné pour tâche de défendre les droits des travailleurs, organise un « concours » pour faire créer le visuel de la fête de L’Humanité gratuitement ou presque.
Sur votre site, les modérateurs avancent l’argument du bénévolat et du militantisme.
Nous en conclurions donc que les artistes qui se produisent sur scène chaque année pour cette fête le feraient bénévolement, eux aussi ?
Nous ne le croyons pas. Pas plus que les électriciens, sonorisateurs, pompiers qui interviennent pour faire de cette manifestation le succès annuel que l’on sait.
Un graphiste est tout autant un artiste et un professionnel qu’un chanteur. Pourtant, la pratique qui consiste à rémunérer de moins en moins ces professionnels, sous couvert de concours, se répand de plus en plus, tant dans les entreprises privées que dans le secteur public. Récemment, le tristement célèbre Dieudonné s’est illustré de cette façon, ainsi que certains autres partis et même des Conseils de région.
Ce serait envoyer un très mauvais message si L’Humanité se livrait elle aussi à ces mauvaises pratiques libérales qui étranglent une profession déjà précaire.
Par ailleurs, le règlement de votre concours stipule que l’œuvre « gagnante » devrait être cédée entièrement à l’organisation du susdit, ce que notre syndicat ne saurait cautionner car il s’agirait d’un déni caractérisé du droit d’auteur.
Le SELF vous demande donc de bien vouloir réfléchir aux conséquences de ce concours pour les travailleurs graphistes qui verraient leurs droits et dignité piétinés par un quotidien traditionnellement voué à leur défense autant qu’à celle de tous les travailleurs.
Pour le SELF,
Les Présidents,
Jeanne-A Debats et Christian Vilà