Après les États généraux du livre (2/3)

 

États généraux du livre [2]
En 2017 ont été votées au parlement plusieurs mesures réformant le régime de Sécurité sociale des artistes-auteurs qui prendront effet le 1er janvier 2019. Celles-ci conduiront à une disparition à plus ou moins long terme de l’AGESSA et de la Maison des Artistes, les organismes spécifiques agréés jusque- là pour effectuer le recouvrement des cotisations et contributions des artistes-auteurs et diffuseurs. Décidés sans aucune concertation avec les syndicats et organisations professionnelles, mis en œuvre dans ce qui ressemble à une grande improvisation, comme l’ont démontré les réponses floues ou évasives des représentants officiels lors de la première réunion des États généraux du livre, ces changements ont de quoi inquiéter tous les professionnels concernés.

Qui plus est, ils marquent la volonté des pouvoirs publics, dans un désir de « simplification » et « d’efficacité » qui peut à première vue sembler vertueux, de rendre plus flou encore le statut d’artiste-auteur et plus problématique l’exercice de nos métiers. Un artiste n’est pas un salarié même s’il déclare ses revenus en « traitements et salaires ». Un écrivain qui ne vit que de ses droits d’auteur, par nature fluctuants et espacés dans le temps, n’a pas l’assise financière et la régularité de revenus sur lesquelles peut compter (la plupart du temps) un professionnel libéral, auquel il est pourtant assimilé. Les spécificités de nos professions sont à respecter pour ne pas aggraver une situation déjà critique (41 % des auteurs ont des revenus inférieurs au SMIC).

Si les artistes-auteurs n’ont pas toujours eu à se féliciter du fonctionnement de l’ancien système, il est à craindre qu’ils n’aient rien à gagner à sa disparition. Qui plus est, il n’est pas excessif de penser que l’on a au niveau ministériel, en ne prenant pas les dispositions nécessaires et en n’assumant pas ses responsabilités, largement contribué aux dysfonctionnements du système que l’on prétend aujourd’hui « réformer » à marche forcée. « Quand on veut tuer son chien… »

Le jeudi 21 juin à 9 h 30, une « séance de travail » consacrée aux modifications apportées au régime social des artistes-auteurs se tiendra à Paris, qui réunira des représentants des ministères de tutelle (Culture et Solidarités/Santé) et des syndicats et organisations professionnelles. Le SELF y sera représenté et se montrera vigilant quant aux réponses apportées et à la prise en compte de nos revendications pour la mise en place d’un statut social adapté et protecteur. Une petite énumération des conséquences de ces changements suffit à souligner l’importance des enjeux et la nécessité, pour les artistes-auteurs, d’être associés à toutes les décisions :

‒ Transfert du recouvrement des cotisations et contributions sociales des artistes-auteurs et de leurs diffuseurs à l’URSSAF Limousin, en lieu et place de l’Agessa et de la Maison des artistes.

‒ Évincement des artistes-auteurs du pilotage de leur régime de sécurité sociale, les conseils d’administration de ces organismes étant maintenus mais sans fonction réelle suite au transfert du recouvrement.

‒ Suppression dans la loi du mode électif au profit d’une désignation par le ministère de tutelle (Culture) des membres des conseils d’administration de l’AGESSA et de la Maison des Artistes. (Mesure déjà entrée en vigueur et en toute illégalité, suite au non-renouvellement par le gouvernement des conseils d’administration élus.)

‒ Ingérence massive des organismes de gestion collective (OGC) dans les commissions professionnelles jusqu’ici composées de représentants des syndicats d’artistes-auteurs.

(Source : article du CAAP qui fait un point plus complet sur le sujet)

Face à cette débâcle annoncée, ni fatalisme ni résignation : l’unité et l’engagement des artistes-auteurs doit amener les pouvoirs publics à mettre en place rapidement et en concertation avec eux un véritable statut protecteur pour nos professions. La force des auteurs, c’est leur union.